Amour Collective

Marque écoresponsable et sociale

Cassandre Lemeilleur

Créatrice

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Cassandre Lemeilleur est la fondatrice de la marque de vêtements Amour Collective, créée il y a 5 ans. Après avoir fait ses études et travaillé dans des grandes villes, c'est à Granville, son port d'attache, qu'elle a voulu développer son projet. Cette marque qui se veut inclusive propose des vêtements à base de tissus recyclés. Depuis 2018, elle a organisé plusieurs défilés. Amour Collective a pris de l'ampleur et Cassandre, armée de bénévoles, a investi le Mont Saint-Michel pour deux soirées de défilé. Rencontre avec cette jeune entrepreneuse qui fourmille d'idées ! 

Le parcours de Cassandre

Originaire de Vannes, Cassandre a grandi à Granville entourée de sa famille. Elle réalise ses études de mode à Bordeaux où très vite, elle se sent en décalage entre les valeurs qu'elle porte et celles de ce milieu "noble". Après ses études, elle travaille à Paris dans les costumes de cinéma. Elle vit ensuite 2 ans à Berlin avant de rentrer à Granville pour créer la marque de vêtements qui lui ressemble, sa marque : Amour Collective. 

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Photo, © Xavier Lachenaud

Je ne me prédestinais pas forcément à créer une marque de vêtements mais je me retrouvais en rien dans ce milieu que je trouvais trop élitiste. 

La marque

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Photo, © Xavier Lachenaud

Le concept

En habitant en Allemagne et au fil des discussions et des rencontres avec des gens aux styles "fous"; Cassandre a trouvé ce qu'elle voulait faire. Permettre aux gens de raconter leurs histoires à travers ce qu'ils portent, rayonner grâce aux vêtements et d'être en accord avec ce qu'ils dégagent. Sans avoir de limite d'âge, de morphologie, de taille... le vêtement est un prétexte pour raconter les différents parcours de vie. 

L'idée est également de créer uniquement des collections à partir de tissus recyclés, donnés, achetés en lot ou chinés en vide-grenier... En général, le tissu provient d'acteurs locaux. Certains sont transmis avec émotion notamment quand ce sont des robes de mariée... Cassandre a à cœur de raconter l'histoire de chaque tissu à travers sa "seconde vie".

Des dons sont faits à la marque par Emmaüs et la Croix Rouge ou par des entreprises du luxe et prêt-à-porter comme les ateliers manchois Louis Vuitton (pour le cuir) ou des ateliers parisiens de broderie haute-couture qui travaillent pour Dior, Chanel...

Au départ, le projet était "juste" de réaliser des défilés avec des vêtements recyclés. De fil en aiguille, une demande pour acheter les vêtements exposés s'est créée. Cassandre vend donc à présent ses créations dans son nouveau magasin/atelier, à Saint-Planchers, aux portes de Granville. 

Pour moi ce n’était pas un parti pris d’utiliser des tissus recyclés, ça tombait sous le sens quand on voit tout ce qui est jeté. J’ai grandi dans cet esprit de « non gaspillage ». À l'époque de mes études, c'était mal vu de travailler avec des tissus déjà utilisés, c'était vu comme sale... alors que maintenant les écoles encouragent cette pratique.

La signification

Amour Collective c'est à la fois l'Amour que l'on porte tous en nous envers la famille, les amis, les passions.... C'est un terme fédérateur qui parle à tout le monde. Et Collective pour l'intelligence collective où chacun peut s’exprimer, raconter quelque chose où l'on peut parler de tout : vieillesse, extrême vieillesse, sexualité, transidentité...

Les événements par Amour Collective

2018 et 2021 : défilés à Granville

Le premier défilé "l'art d'être malheureux" a eu lieu en 2018 à l'Archipel à Granville pour les 70 ans du Secours Populaire. Le recrutement des mannequins s'était fait au bouche à oreille. Amour Collective débutait et il y avait peu de tissus en stock. D'anciennes taies d'oreillers ou des demi-rideaux avaient permis de confectionner quelques pièces.

Le second événement s'est déroulé en 2021, dans le jardin du musée Christian Dior à Granville. 80 mannequins avaient été sélectionnés lors des "castings bienveillants". La créatrice a confectionné les pièces avec l'unique aide de sa sœur. C'est pour cet événement que Cassandre a pris conscience qu'elle pourrait faire de ses créations, son métier et surtout impliquer d'autres personnes dans son projet.

En 2018, pour le premier défilé je voulais déjà raconter des histoires de vies diverses et variées. C'était les prémices d'Amour Collective. Je n'avais pas conscience que je pouvais créer et surtout vendre des vêtements. C'était plus pour le challenge.

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Photo, © Xavier Lachenaud

2023 : deux soirées de défilé au Mont Saint-Michel

Après le défilé au jardin Dior, Cassandre rêvait grand : faire un défilé au Mont Saint-Michel, l'emblème de la Normandie ! Deux soirées "défilé" ont été organisées les 8 et 9 septembre, pour découvrir la collection exclusivement réalisée pour cet événement. Elle a toujours voulu mettre en avant des jolis lieux du territoire dans ses actions. Le Mont Saint-Michel apparaissait comme la suite évidente du projet. 

Les coulisses

C'est toute une dynamique territoriale que Cassandre a enclenché. De nombreuses personnes ont pris part au projet, que ça soit en tant que bénévole ou mannequin. Au total, ce sont 6 villes partenaires (Granville, Avranches, Villedieu-les-Poêles, Saint-Lô, Coutances et Carentan), plusieurs bénévoles et 200 mannequins qui ont été retenus. Des castings "bienveillants" ont été organisés dans chacune de ces villes soit dans les missions locales ou dans des EHPAD pour toucher un public moins concerné ou moins informé.

La particularité des mannequins est que 50% de l'effectif a plus de 60 ans. Il y a d'ailleurs 5 personnes centenaires. Le défilé sera mixte. Toujours dans cette idée d'inclusion, les tenues portées sur scène le Jour-J ont été confectionnées en prenant en compte les complexes de chacun pour être à l'aise. "On ne cherche pas à cacher les complexes, l'idée est de prouver que l'on peut tout à fait avoir du style en fauteuil ou en déambulateur". Cassandre a demandé à chaque mannequin l'image qu'il/elle voulait renvoyer. C'est aussi un moyen de se lancer un défi et de se surpasser durant le défilé. Elle a d'ailleurs rencontré les mannequins plusieurs fois et a noué une vraie relation avec eux. 

Il y a une ligne de mannequins par territoire et des "chefs de ligne". Ces personnes sont référentes pour apprendre aux mannequins les postures et des petites astuces. Il y a également des ateliers organisés pour vaincre sa timidité et savoir s'exprimer en public. L'idée est d'avoir un équilibre pendant le défilé et que celui-ci ressemble vraiment à un événement "professionnel". 

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Photo, © Xavier Lachenaud

Plusieurs stagiaires ont été recrutés pour aider Cassandre et sa sœur à réaliser les pièces du défilé. C'est un projet qui crée une réelle émulation sur le territoire. Les prochaines étapes avant le défilé sont : les essayages, les rencontres avec les habilleurs, les coiffeurs et les maquilleurs ainsi qu'une répétition générale au Mont Saint-Michel.

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Photo, © Xavier Lachenaud

À la base de ce projet, il y avait quelque chose de réparateur pour moi, de se reconstruire grâce à ça. Maintenant j'ai l'impression que chaque personne qui fait partie de cette aventure vient chercher quelque chose. Être avec des gens. Travailler avec son image ou le faire pour d’autre. Venir chercher des réponses. Se livrer et être entendu. Reprendre confiance en soi. C’est un projet que j’ai construit mais qui maintenant ne m’appartient plus vraiment. J'ai l'impression d'avoir une mission et un message de tolérance à porter. 

Où acheter les vêtements Amour Collective ?

Les pièces confectionnées sont disponibles à la boutique/atelier au 555 route de Villedieu, 50400 Saint-Planchers. Il est également possible de les acheter en ligne. 

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La Manche comme retour aux sources

Pour Cassandre, c'était une évidence de créer sa marque ici, à Granville. Et si elle est revenue dans la Manche, c'est avant tout pour le cadre de vie qu'offre le territoire. "Quand on se lève et qu'on habite au bord de l'eau, ce n'est pas pareil que quand on prend le métro". 

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Photo, © Xavier Lachenaud

J’ai voulu monter cette marque à Granville car c’est ici que je me sentais chez moi. J’ai habité à Berlin, à Paris, j’aurais pu prendre la facilité de faire ceci dans une grande ville mais non. Quand je suis rentrée à Granville avec cette idée, tous mes amis me disaient que j'étais folle de faire ça ici. Mais pour moi, c’était ici et nulle part ailleurs, pour rien au monde je n'aurais créé quelque chose autre part. J’ai du mal à être noyée dans un monde où tout va trop vite, où tout est un peu faux, même si c’est speed ici aussi et qu’on travaille beaucoup, ce n’est pas pareil, il y a le calme et on peut facilement se ressourcer. 

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